vendredi 27 juin 2014

Rio à l'ombre : Sophie, cireuse de chaussures


Pour Sophie, il n'est pas question d'être considérée comme une simple cireuse. Son père, cordonnier, lui a communiqué son amour de la godasse et du travail bien fait. Elle ne sait pas si les cordonniers sont les moins bien chaussés et, avoue-t-elle avec le feu aux joues, elle s'en tamponne le coquillard comme de l'an 40. Cirer les pompes des joueurs est une consécration, l'aboutissement de longues journées de labeur, le résultat également d'un rigoureux processus de sélection.

En effet, il n'est pas permis à n'importe quel quidam d'encaustiquer les grolles dégueulasses de Karim Benzema. Le ticket d'entrée fut cher. Sophie a participé au rude concours des cireurs de chaussures. Au bout de 10 épreuves, seuls quatre couillons étaient encore en compétition ; dont Sophie qui, pourtant, s'était lamentablement vautrée sur le shampouinage du daim. 

Lorsque nous parlons, Sophie et moi, de lacets, je sens comme des sanglots qui montent dans sa voix. J'apprendrai plus tard, par sa meilleur amie (qui souhaite conserver l'anonymat) que son père, poussé à la faillite par des promoteurs immobiliers qui souhaitaient acheter son local pour construire une succursale dédiée aux kebabs, s'est pendu dans la cave avec une paire de lacets de la boutique familiale ; et c'est la petite Sophie, alors âgée de huit ans, qui a trouvé son père en cette piètre posture. De quoi légèrement traumatiser, vous en conviendrez...

Sophie s'enthousiasme à nouveau lorsque nous évoquons le décrottage. Sur ce sujet, comme sur bien d'autres, elle est intarissable et c'est un plaisir de l'écouter. Cependant, je lui signale que mon portrait pour Fifa Papa, pour gagner en efficacité (et ainsi conquérir de nouvelles parts de marché) doit gagner en brièveté (puisque personne ne lit vraiment des textes de plus de 10 lignes).

Dj Zukry

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