lundi 23 juin 2014

Anti-jeu #2 : Etats-Unis/Portugal

Je l’avoue sans honte aucune : je donne souvent mon avis sur des livres que je n’ai pas lus ou des films que je n’ai pas vus. J’ai même dit pis que pendre du dernier album de Jean-Louis Aubert sans l’avoir même écouté. Il me semble donc assez pertinent que je commente un match que je n’ai pas vu.




Le compact-disc de l’hymne américain résonne dans l’enceinte de l’Arena Amazonia. Une vague d’émotion submerge le public. Tout le monde, main sur le coeur, regard vers le ciel, pense au 11 septembre mais déjà retentissent les premières notes de A portuguesa, chanson patriotique de nature belliqueuse. L’air est moite. « Tropique dans mon coeur, change pas de moteur » fredonne Cristiano Ronaldo qui ne connait toujours pas les paroles de l’hymne de son pays. La honte !

Les Américains sont à l’attaque mais, paradoxe allemand, encaissent un but à la 5ème minute. Georges W. Bush Jr, qui a perdu du temps dans la cuisine à préparer ses bretzels, l’a donc loupé, ce con ! En tout cas, tout le monde congratule super Nani, bien content d’avoir profité de cette bévue des amerloques. Le goal ricain, Tim Howard, est remonté comme une pendule : il déteste recevoir des obus sur le paletot ; ça lui donne envie de tout casser. Sont comme ça les Stars & Stripes : colériques.

« A l’attaque » crient en choeur les cow-boys en grimpant sur leurs grands chevaux. C’est le boxon dans la défense portugaise : juste retour des choses. Les Américains hésitent d’ailleurs à ouvrir un saloon dans les parages lorsque Nani (encore lui !) vise le poteau, ce qui commence sérieusement à énerver Howard qui aimerait bien finir la série Game of Thrones peinard, si c’est pas trop demandé.

« Il y a le feu au lac » hurle un spectateur suisse qui a oublié de rentrer à l’hôtel depuis vendredi. « Très drôle » répond l’arbitre en sifflant la mi-temps pendant laquelle dansent des filles à moitié dévêtues. C’est ce qu’on appelle un « show à l’américaine ». Les Brésiliens, déjà habitués à autant de vulgarité (souvenez-vous de la soirée d’ouverture), applaudissent à tour de bras. Le public portugais est plus dubitatif. Seules les conquises adorent. 

Retour sur le terrain. Les joueurs changent de côté : c’est perturbant. 55ème minute, le portier portugais, Ricardo Costa, échappe à l’égalisation face au Mohawk envoyé par Michael Bradley. 9 minutes plus tard, Jermaine Jones remet le compteur à un partout. 

Les explorateurs portugais sont à la peine sur cette terre hostile. Le Nouveau Monde semble inaccessible. On sent bien que la colonisation ne va pas se faire sans douleur. Ronaldo se ronge les ongles. Le terrain est dégueulasse. On appelle une société de nettoyage, Cap Vert. « Qui c’est qui m’a foutu ce bazar ? » gueule le responsable de l’entretien. Tout le monde pointe du doigt le dernier ballon d’or. Il en mène pas large : la réputation des Portugais sur la propreté vient d’être salie. CR7 s’empare du balai et nettoie ses rognures. Le jeu reprend mais on sent bien que rien ne sera plus jamais comme avant.

A la 82ème minute, Jack Dempsey, le tueur de Manassa, champion du monde poids lourds dans les années 20, marque de la poitrine. C’est du délire chez les Yankees (2-1) ! Du côté des bookmakers, on commence à transpirer à grosses gouttes. Certains mettent ça sur le compte de la chaleur tropicale mais les spécialistes craignent une sorte de krach sportif : un « dimanche noir » en shorts. 

Le capitaine de la Selecção tape sur son réveil qui vient de se déclencher (« Merde, vous auriez pu me le dire les gars ! Il est quelle heure là ? »). Il adresse un centre à Varela qui prive de justesse l’équipe de Clint Eastwood d’une qualification directe en huitièmes de finale. Il faudra donc attendre le prochain match, que je compte bien regarder (notamment le USA-Allemagne qui me donne déjà des frissons dans le dos) pour connaître le classement définitif de ce groupe G. 

Dj Zukry

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