samedi 14 juin 2014

Uruguay vs Costa Rica


Coincée géographiquement entre deux géants d'Amérique du sud (le Brésil et l'Argentine), l'Uruguay aurait pu vivre pépouse à l'ombre de leur aura culturelle et footbalistique.

Mais la « Suisse des Amériques » comme on la surnomme parfois (petite, neutre et blindée, comme son homologue européen), détient l'orgueil des grands, ainsi qu'une science et une culture du ballon rond qui s'exprime dès la première Coupe du Monde, chez elle, en 1930. Sans une once de respect l'Uruguay y gifle son voisin argentin 4 buts à 2, avant de remettre ça avec son limitrophe brésilien 20 ans plus tard : ô comble de la bravade, cela se déroule sur les terres même de la bossa et d'un petit Pelé traumatisé (il a alors 10 ans).

Para bailar la pampa, se necesita una poca de gracia
Après une Coupe du Monde 2010 brillamment menée jusqu'en demi-finales, l'équipe de l'Uruguay reste un mystère : comment ce pays de pampa, à peine plus peuplé que la Bretagne (3,5 millions d'habitants) peut-elle nous sortir chaque année des joueurs de classe intergalactique et parmi les 3 meilleurs attaquants de ces dernières années (le trident de la mort Suarez-Cavani-Forlan) ?

Par comparaison, imaginez une seconde une équipe qui ne serait constituée que de joueurs bretons. Oui messieurs, allez donc gagner la Coupe du Monde 1998 avec des Jocelyn Gourvennec, des Paul Le Guen et tiens pourquoi pas, pendant qu'on y est, un Stéphane Guivarch attaquant titulaire en finale ? Ah ah laissez-nous rire, et retournez plutôt chanter « Galette Saucisse je t'aime » dans les travées d'un stade de poivrots qui ne gagnera jamais rien ! Losers !

YLB



Souvent considéré comme la Suisse de l’Amérique Centrale, le Costa Rica est une république neutre, et la première nation du monde à avoir constitutionnellement supprimé son armée. On pourrait donc supposer que ce peuple pousse le vice de la neutralité jusqu’au bout en accumulant les matchs nuls pour faire gagner les équipes adverses. Mais si c’était le cas, ils n’auraient pas été sélectionnés pour la Coupe du Monde. Ah oui, tiens, c’est pas faux.

Au lieu de ça, même si depuis quelques années l’équipe du Costa Rica est en perte de vitesse, elle a su par le passé se montrer assez redoutable. Les vieux Amérindiens parlent encore à la veillée, en faisant tourner le peyotl, de la glorieuse "génération" du Mondial 90, avant d’enchaîner sur la prise de Fort Alamo et de s’écrouler dans le vomi de tequila. De toute façon, Fort Alamo, c’est une victoire mexicaine, rien à voir avec le Costa Rica, faites pas attention à papy, il dit n’importe quoi quand il est bourré.

1990 et de belles moustaches
En 1990, en effet, les Costariciens se qualifient pour la première fois à une phase finale de Coupe du Monde. Ils seront battus par la Tchécoslovaquie en huitième de finale. L’année suivante, ils atteignent la demi-finale de la Gold Cup avant de se faire éliminer par le Honduras. En 2002, ils impressionnent tout le monde en marquant deux buts contre le Brésil – ce qui ne les empêchera pas d’en prendre cinq et de rentrer chez eux.

Après 2006, les Ticos (comme on les appelle) sont en déclin. Mais les voilà qualifiés pour prendre leur revanche au Brésil. Les crampons tournés en direction de la reconquête de leur honneur, peut-être que les joueurs du Costa Rica sont prêts à vendre chèrement leur peau… La neutralité, ça vaut rien au goal average !


Raphaël Juldé

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