lundi 7 juillet 2014

L'histoire vraie (bien que romancée) de Goal et But

Hélène Goal a longtemps souffert de son patronyme. Moquée, conspuée, insultée par ses camarades de classe, elle a même effectué une tentative de suicide. Un échec total qu’elle ne regrette pas aujourd’hui.

En 2012, elle publie une annonce sur un site de rencontres. Avec auto-dérision, elle s’y décrit comme une « petite gardienne de moins d’un mètre, au corps frêle et chétif mais avant tout une femme prête à encaisser tous les mauvais coups ». Le relatif nanisme d’Hélène Goal est en effet un frein aux rencontres, même d’un soir. Comme elle l’écrit elle-même, sans réelle finesse (soit dit au passage), en introduction sur sa page d’accueil : « Il est temps pour moi de sortir de ma cage et de dégager le ballon de mes soucis au plus loin, loin de cette surface de réparation qui ne me soigne pas et m'oblige à plonger dans le désespoir. Non, la fin de la partie n'a pas été sifflée ! ». 

C’est ainsi qu’avant Noël 2013 elle rencontre Patrick But ; atteint pour sa part d’un profond strabisme divergent et convergent, un jour sur deux. C’est le coup de foudre, la rencontre explosive. Ils s’envoient des centaines de messages et s'y délivrent comme jamais (Patrick allant même jusqu'à avouer avoir chialé devant "Les petits mouchoirs"). En échangeant ainsi quotidiennement, ils se découvrent des points communs : l’humour dévastateur d’Elie Kakou, la cuisine sans sel, le vélo d’appartement, les séries policières françaises, les couchers de soleil, la musique baroque, les bars lounge, les draps sales, les ascenseurs et le football. 

Oui, ce football qui unit les peuples est aussi celui qui va souder ces deux indécrottables solitudes. Patrick est un furieux de l’OM dont il collectionne les objets les plus insolites (comme ce couscoussier, comme cette poussette pour triplé, comme ce tabouret géant fluo vert, comme ce pyjama en pilou qui ne peluche pas, comme cette brosse à dents en bois d'hêtre, comme ce fer à repasser qui laisse des traces de crampons...).

Hélène, de son côté, est folle de l’AS St Etienne depuis l’enfance. N’écoutant que leur ardeur et leur amour, ils décident ainsi de se rencontrer physiquement pour la première fois le 17 février dernier pour ce match OM-ASSE qui se soldera au passage par un match nul (1-1). 

A la mi-temps, Patrick mange un sandwich à la merguez, Hélène des frites sauce ketchup. Le public venu nombreux au stade Vélodrome repère immédiatement ce couple atypique et certains supporters, totalement anisés, les jalousent déjà secrètement.




A la 93ème minute, Brandao égalise sur un bon coup-franc lointain de Corgnet  tandis qu’Hélène et Patrick échangent leur premier baiser et leur maillot. 

Dj Zukry

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