dimanche 13 juillet 2014

Mi-temps Allemagne/Argentine



L’arbitre vient de siffler, et vous réagissez au quart de tour, programmé, automatisé. Votre cerveau vient de quitter la surface de réparation pour se connecter au frigo, tiroir de gauche, sous les laitues : là où vous rangez vos bières. Cette Coupe du Monde vous a transformé en chien de Pavlov : un coup de sifflet et vous salivez, vous vous humectez les lèvres, vous avez besoin de cette canette. Et de pisser, aussi. Votre vessie a mis ses warnings depuis la 42e minute, mais c’est pendant les arrêts de jeu qu’elle a vraiment commencé à vous harceler comme un boxeur qui vous aurait coincé dans les cordes. L’être humain n’est-il donc qu’un animal réagissant à des stimuli sonores ou visuels, et rien de plus ? Vous réfléchissez à la question tout en faisant pleurer le colosse, et en vous la secouant vous décidez qu’au fond, vous vous en foutez royalement. La seule chose qui vous inquiète, c’est ce que vous allez bien pouvoir foutre, maintenant ? La dernière mi-temps de cette Coupe du Monde vient d’être sifflée. Désormais, comment vous saurez à quel moment vous avez envie d’une bière ? Comment vous saurez que le temps est venu d’aller pisser ou de vous couper un morceau de sauciflard ?

Le ventre plus léger et la main lestée d’une binouze bien fraîche, vous allez pouvoir profiter de ce quart d’heure suspendu pour :
• Essayer de vous rappeler votre vie d’avant la Coupe du Monde. Comment faisiez-vous, bordel, pour vous y retrouver dans ce chaos métaphysique ?

• Aller voir s’il reste pas un yaourt au bifidus actif dans le frigo : vous savez déjà qu’après le Mondial, être gros, ça va faire ringard.

• Trouver d’autres sujets de conversation que le foot. Tiens, le Tour de France, c’est pas mal, ça, le Tour de France…

• Il a pas pris du bide, Gérard Holtz ?


Aussi, toute l’équipe de Fifa Papa, soucieuse de respecter vos angoisses existentielles, a tenu à leur donner du rythme. Rien de tel que les froissements métalliques de la new wave teutonne pour peupler d’un lyrisme synthétique le désespoir qui vous étreint alors que déjà s’annonce la fin de l’aventure...


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